L’occupation humaine dans la haute vallée de la Bourbre commence au début de notre ère : les plus anciens vestiges archéologiques découverts à ce jour sur l’ensemble des communes riveraines datent de l’époque gallo-romaine ; vers 1860, la construction de la ligne de chemin de fer a dégagé les restes d’une grande «villa», non loin de l’église Saint Martin à Chélieu. Au cours des travaux, des murs, des fragments de statues et des mosaïques ont été vus, qui indiquaient la présence d’une riche demeure antique.
Faute de textes d’archive et de fouilles archéologiques, on ignore presque tout des conditions dans lesquelles le peuplement de la vallée a évolué entre la fin de l’époque carolingienne et le début du XIème siècle. Au tournant de l’an Mil, des dynasties châtelaines remplacent les anciennes familles possédantes, ou sont issues de leurs rangs. C’est probablement le cas à Virieu, où s’installe une lignée seigneuriale, représentée par Guifred. Mentionné en 1043 en tant que «seigneur de Virieu» (Vifredus, dominus de Viriaco), c'est probablement lui qui fit ériger une motte féodale, première étape d'une fortification qui donnera naissance, deux siècles plus tard, au château de Virieu.
En 1107, le bourg de Virieu se développe sous le château, protégé par une muraille qui englobe les maisons. Au début du XIIe siècle, la motte castrale est probablement remplacée par un petit château en pierre. Cependant, les constructions les plus imposantes datent du XIIIe siècle, après que Siboud de Clermont ait acquit la seigneurie de Virieu par son mariage avec Béatrix, seule héritière de Martin de Virieu. Siboud fait reconstruire la forteresse et surtout la grande enceinte périphérique, avec trois tours circulaires en moëllons de tuf. Le château connaît ensuite d’autres transformations importantes, surtout à la fin du XVIe siècle, quand Artus Prunier de Saint-André rachète la seigneurie aux Clermont. C’est probablement lui qui fait élever le « donjon », alors qu’il n’a plus d’utilité réelle. Mais il demeure, symboliquement, la pièce maîtresse des châteaux féodaux.
Pour sa part, la branche cadette des Virieu réside dans sa maison forte de Pupetières, au moins depuis les années 1190. Au XIIIe siècle, elle possède aussi une maison forte, appelée « de la Tour », dans le bourg de Virieu. Cette demeure (dont la partie conservée au n° 394 de la rue du Château montre encore de belles fenêtres du XVIe ou du XVIIe siècle. En 1494, un texte rappelle que « le bourg, appelé autrefois villa Viriaci, est entouré de murailles et fermé par des portes, l’une vis à vis de l’ancienne maison de ville qu’on appelait la Porte Rustique ».
L’histoire religieuse de Virieu est liée à celle du monastère de la Silve Bénite, construit par les chartreux en 1116 sur une terre donnée par les Virieu. Le premier ermitage reste très modeste jusqu’aux années 1160. La légende prétend qu’à cette époque l’empereur d’Allemagne Frédéric Barberousse, venu chasser dans les environs, a la vision d’une main bénissant la forêt et le sanctuaire construit cinquante ans plus tôt. C’est à partir de cette « forêt bénite » (silva benedicta, en latin) que les religieux vont étendre leur emprise sur le territoire environnant. En réalité, Barberousse a une raison personnelle de s’intéresser au monastère : son fils Thierry entre au couvent comme frère convers en 1167 et joue un rôle diplomatique important comme agent de liaison entre les chartreux, le pape et l’empereur. Grâce à l’argent donné par son père, les chartreux font construire de nouveaux bâtiments. Dans la vallée de la Bourbre, Thierry fonde l’hôpital Sainte Madeleine à Chélieu en 1172. Réservé aux pauvres et aux malades des paroisses voisines, l’établissement est entièrement détruit à la fin du XVIIIème siècle.
(source : Eric Verdel - in "Virieu en Dauphiné, des hommes et des histoires" Louis Fournier 2001)
En 1586, Virieu est attaqué. Le château est préservé mais le bourg est brûlé En 1590, Virieu est une nouvelle fois pris d’assaut. Le château est occupé. Le seigneur de Virieu absent de ses terre envoie alors le seigneur de Lesdiguières reprendre le château, ce qu’il parvient à faire, puis il s’en va du côté de la Sylve Bénite. Ce qui est particulièrement intéressant, c’est que Lesdiguières mentionne les consuls de la communauté de Virieu chargés de fournir des munitions . Enfin, en 1594, le bourg de Virieu est une nouvelle fois ravagé.
Finalement le village est reconstruit, mais à un niveau beaucoup plus bas que son emplacement originel. L’église est déplacée vers le site occupé par l’édifice actuel. Les murailles ne sont pas rebâties. Du côté du château, le retour au calme permet au seigneur de Virieu d’utiliser ses importants moyens financiers pour l’agrandir et l’embellir.
Au cours des guerres de Religion, la première église de Virieu, établie dans le haut du bourg, est incendiée en 1586 par une « troupe de brigands ». Peu après, elle est rebâtie à son emplacement actuel, en partie avec les pierres du précédent lieu de culte comme l’atteste l’inscription gothique lisible sur la façade (« Ce clocher a été refait l’an 1491 par les paroissiens »).
Le marquisat de Virieu
En 1655, Louis XIV distingue le mandement de Virieu en l’érigeant en marquisat par une lettre patente datée du mois d’avril, enregistrée au Parlement et à la Chambre des comptes du Dauphiné à Grenoble le 23 juin et le 2 juillet , « en faveur de Nicolas de Prunier, Baron de Saint-André, pour lui, ses héritiers et ayant causes, tant mâles que femelles ». Le roi grâce à cette élévation remercie Nicolas de Prunier et ses ancêtres pour les services rendus au royaume de France.
(source : Jérôme Bellet : "Du marquisat au canton de Virieu" 2017)
A la fin du Moyen-Age, le village "descend" de son premier site et investit des pentes plus douces, entre l'actuelle église et la halle. A quoi est dûe sa ruine ? On l'ignore. On sait que pendant les guerres de Religion, la vieille église est incendiée en 1586 par une troupe de brigands.
La halle, probablement construite au XVème siècle a dû jouer pendant plusieurs siècles son rôle au cœur du village : Elle côtoie de belles demeures, des commerces. On y tient marché... jusqu'à son effondrement subit en 1793.
Au XIXème siècle, le progrès oriente encore la croissance du village : le long de la route s'étirent deux "faubourgs" (rue de Barbenière, rue du Vallon de Lamartine. Les usines et les logements de la Guinguette (Panissage) forment un centre animé (cafés...), tandis que le quartier de la gare devient le point d'approvisionnement et d'exportation pour les industries de la vallée : les galoches, puis les établissements Bigallet.
- Au XXème siècle, le bourg s'est étoffé par l'éclosion de nouveaux quartiers, en majorité situés entre la RD 73 et la Bourbre : logements et équipements (ensemble sportif, groupe scolaire...)