Brève histoire de Panissage
Les origines :
Si l’occupation humaine dans la vallée de la Haute-Bourbre est attestée au moins depuis l’Antiquité[1], la plus ancienne mention connue de Panissage remonterait seulement au milieu du XIIIe siècle[2] [cf. Dictionnaire topographique du département de l'Isère d’E. Pilot de Thorey]. Il s’agit d’un texte daté de 1251 évoquant la dîme de Panizez [cf. Actes capitulaires de l’église Saint-Maurice de Vienne et Regeste Dauphinois].
Carte postale, vue de Panissage, début XXe siècle (archives communales de Virieu).
L’origine toponymique de Panissage n’est pas connue mais il existe cependant plusieurs hypothèses plus ou moins réalistes pour l’expliquer. Le nom pourrait venir du latin panis (le pain) ou panicium (millet), en référence aux cultures céréalières, ou encore du celte pennos (la tête) pour évoquer que Panissage s’étend sur les hauteurs d’une colline [cf. Les origines des noms de commune de l’Isère d’André Planck].
La commune de Panissage, extrait du cadastre de 1823
(archives communales de Panissage).
L’organisation politique et territoriale :
Jusqu’à la Révolution, Panissage appartient au mandement ou marquisat de Virieu. Il s’agit d’une circonscription administrative d’Ancien Régime regroupant alors : Blandin, Chassignieu, Chélieu, Panissage, Le Pin, Saint-Ondras, Valencogne et Virieu [cf. Du marquisat au canton de Virieu de Jérôme Bellet].
En 1790, ces paroisses ou succursales sont les huit parties d’une commune unique : Virieu-en-Dauphiné.
La Constitution de l’an III (adoptée par la Convention le 22 août 1795) réforme le pays. Les huit sections deviennent alors des communes membres de la municipalité de canton de Virieu. Chacune est représentée par un agent municipal et un adjoint. L’organisation reste centralisée puisque les agents et les adjoints de chaque commune forment un seul conseil placé sous l’autorité d’un président et surveillé par un commissaire nommé par le gouvernement.
Il faut attendre la réforme du territoire français par la loi du 28 pluviôse an VIII (17 février 1800) pour que Panissage possède sa propre administration.
Carte postale, vue du quartier de l’Industrie et de Virieu, début XXe siècle
(archives communales de Panissage).
Par la suite, l’existence de la commune est à plusieurs reprises remise en question par des projets de fusion avec l’un ou l’autre de ses voisins. Au début des années 1850, les administrateurs du département de l’Isère proposent par exemple de réunir Blandin, Doissin et Panissage [Procès-verbal des délibérations du Conseil général de l’Isère de 1850 et de 1851]. Plus récemment, en 2015, un rapprochement avec Blandin, Chassignieu et Virieu échoue. Cette tentative ratée a finalement abouti à l’union de Panissage et de Virieu pour former depuis le 1er janvier 2019 : Val-de-Virieu [Arrêté du préfet de l’Isère du 11 octobre 2018 portant création de la commune nouvelle de Val-de-Virieu].
Carte postale, la gare de de Virieu-Panissage, début XXe siècle
(archives communales de Virieu).
Sur le plan cantonal, Panissage est rattaché en 1790 au canton de Virieu. Ce dernier est supprimé en 1801 mais il est restauré et même agrandi en 1803. Le canton est finalement supprimé en 2015. Panissage est alors rattaché au canton du Grand-Lemps.
La population depuis 1800
En plus de deux cent ans la population de la commune a beaucoup évolué.
Du début du XIXe siècle aux années 1830, le nombre de panissageois augmente (289 habitants en 1800, 371 en 1831). Puis, il stagne et diminue jusqu’aux années 1890 (294 habitants en 1981). Cette baisse est peut-être liée à l’exode rural mais aussi aux maladies qui frappent la vallée de la Bourbre.
Carte postale, vue de Virieu et de Panissage (collection privée).
À partir de la fin du XIXe siècle, la population croît à nouveau probablement grâce à l’installation de plusieurs industries (352 habitants en 1906). La Première Guerre mondiale et probablement aussi l’épidémie de grippe espagnole entraînent un léger recul de la population (325 habitants en 1921). Cependant, l’arrivée de migrants arméniens venus travailler dans les usines de Panissage relance la croissance démographique (400 habitants en 1936).
La Seconde Guerre mondiale, les problèmes économiques et l’exode rural touchent sérieusement la commune. En 1946, il n’y a plus que 276 habitants ! Cette tendance se poursuit lentement jusqu’à la fin des années 1960 (253 habitants en 1968).
Depuis les années 1970 jusqu’à nos jours, la population panissageoise augmente de nouveau grâce au dynamisme lié à l’arrivée de nouvelles entreprises ainsi que le développement de lotissements et de zones pavillonnaires (265 habitants en 1975, 335 en 1990, 414 en 2006, 447 en 2016.
Date | Population | Date | Population | Date | Population |
Année 1800 | 289 | Année 1876 | 320 | Année 1946 | 278 |
Année 1806 | 297 | Année 1881 | 302 | Année 1954 | 260 |
Année 1821 | 348 | Année 1886 | 305 | Année 1962 | 258 |
Année 1831 | 371 | Année 1891 | 294 | Année 1968 | 253 |
Année 1836 | 352 | Année 1896 | 300 | Année 1975 | 265 |
Année 1841 | 334 | Année 1901 | 346 | Année 1982 | 292 |
Année 1846 | 330 | Année 1906 | 352 | Année 1990 | 335 |
Année 1851 | 330 | Année 1911 | 344 | Année 1999 | 353 |
Année 1856 | 313 | Année 1921 | 325 | Année 2006 | 414 |
Année 1861 | 327 | Année 1926 | 362 | Année 2011 | 448 |
Année 1866 | 330 | Année 1931 | 382 | Année 2016 | 447 |
Année 1872 | 321 | Année 1936 | 400 |
Chiffres des recensements de la population de Panissage [sources des chiffres : Paroisses et communes de France. Isère, http://cassini.ehess.fr et l’INSÉE].
Quelques éléments du patrimoine de Panissage
L’église
L’ancienne église de Panissage était située vers le cimetière actuel. Elle est démolie à la fin de la décennie 1880. Ses matériaux servent à la construction du nouvel édifice.
Plan de l’ancienne église de Panissage, vers 1863
(archives communales de Panissage).
L’église de Panissage est dédiée à la Vierge. Elle est bâtie à la fin des années 1880 sur l’initiative privée de l’abbé Villemin qui en a ensuite fait don à la commune. Le bâtiment n’est pas totalement terminé puisqu’il faut attendre 1929-1930 pour que soit construit le clocher.
Les cloches
L’église possède deux cloches.
La plus ancienne date du XVIIIe siècle [Inscriptions campanaires du département de l’Isère, de G. Vallier]. Elle est baptisée en 1765. Le parrain est René Ismidon Nicolas de Prunier de Saint-André, Marquis de Virieu et la marraine est son épouse Alexandrine Guicharde de Chaponay.
Baptême de la cloche Marie-Élisabeth, le dimanche 15 janvier 1989
(archives communales de Panissage).
La seconde, nommée Marie-Élisabeth, est baptisée le dimanche 15 janvier 1989 à l’occasion des célébrations du centenaire de l’église. Le parrain est le Général Rouquet (il a contribué à l’étude du patrimoine isérois) et la marraine Madame Michoud (une active paroissienne de Panissage).
Les vitraux
Les vitraux de l’église de Panissage ont probablement été réalisés à l’époque de la construction de l’église ou peu après. Ils sont sans doute tous l’œuvre du peintre verrier grenoblois Buche (deux verrières portent sa signature). L’artiste a représenté : l’Assomption de la Vierge (baie 0, chœur), l’Annonciation (baie 3, chapelle sud), la Sainte-Famille (baie 4, chapelle nord), saint Bruno entouré de saint Théodule et saint Amand (baie 101, extrémité est de la nef) ainsi que plusieurs verrières décoratives (baies 1, 2, 5, 6, 7 et 8).
Église de Panissage, baie 0, l’Assomption de la Vierge.
Église de Panissage, baies 3 et 4, l’Annonciation et la Sainte-Famille.
Église de Panissage, baie 101, saint Théodule, saint Bruno et saint Amand.
Le presbytère
L’ancien presbytère est construit vers 1872. Il connaît d’importants travaux vers 1900.
Vue de l’ancien presbytère et d’une partie du cimetière.
Le cimetière
À l’origine, le cimetière de Panissage entoure l’ancienne église. Il connaît d’importants changements au XIXe siècle avec des travaux d’agrandissement, la réfection de la clôture mais surtout la démolition de l’église.
L’ancienne église et l’ancien cimetière de Panissage sur le cadastre de 1823
(archives communales de Panissage).
À noter que plusieurs tombes du cimetière sont signées par des marbriers (Pin, Mathieu, Previeux, …).
Tombe de la famille Bigallet signée par le marbrier Mathieu.
Le monument aux morts
Le monument aux morts est l’œuvre du marbrier E. Pin[3] installé à La Tour-du-Pin. Il a été érigé vers 1920-1921.
Vue actuelle du monument aux morts et projet d’élévation du monument par E. Pin, vers 1920 (archives communales de Panissage).
La mairie-école
L’école mixte de Panissage est construite vers 1896. Elle est l’œuvre de l’architecte Giroud.
Vue de l’ancienne mairie-école.
La croix de chemin, vers le carrefour de la Guinguette
Cette croix est érigée le 1er mai 1899. Elle est signée Arracon.
Vue de la croix de chemin vers le carrefour de la Guinguette.
Tableau : l’Incendie à Panissage.
Ce tableau est signé E. Polouio ou Polonio. Le peintre a représenté un incendie dans le quartier de l’Industrie de Panissage. D’après les éléments représentés, il date peut-être de la fin du XIXe siècle.
Vue du tableau L’incendie à Panissage (collection communale).
La gare
La gare est construite vers 1862 à l’occasion de la création de la ligne Lyon-Grenoble.
Vue de la gare.
Quelques industries
Bigallet :
Si l’entreprise Bigallet existe depuis 1872, il faut attendre 1885 pour voir s’installer une distillerie à Panissage.
Vue de l’entrée de l’usine Bigallet.
L’usine de tissage Diedrichs et Favot :
Elle est bâtie vers 1897. Elle ferme ses portes en 1967. Le plus gros de l’usine est détruit dans les années 1990 (la cheminée dès les années 1970). Actuellement, il ne reste plus que le bâtiment qui logeait autrefois les ouvriers.
Vue des anciennes résidences ouvrières.
À voir aussi les textes de l’abbé Lagier (curé de Blandin au XIXe siècle et auteur de plusieurs livres sur Virieu et ses alentours), les travaux de Louis Fournier (historien local), les inventaires du patrimoine réalisés par le Département de l’Isère.
Textes, photos et reproductions d’archives : Jérôme Bellet, 2019
[1] Des vestiges gallo-romains ont été découverts lors des travaux de construction de la ligne de chemin de fer Lyon-Grenoble entre le « mas de la Gourlandière » (en face de l’église de Chélieu) et la gare de Panissage.
[2] L’église serait peut-être mentionnée au XIIe siècle mais cette source n’a pas pu être vérifiée.
[3] Il a aussi réalisé le monument aux morts de Blandin.